Liverpool assomme l'Inter
Héroïques devant leurs buts en dépit d'une infériorité numérique subie
plus d'une heure durant, les Intéristes ont essuyé sur le tard la
déferlante des Reds, ce mardi à Anfield, hypothéquant ainsi grandement
leurs chances de qualifications pour les quarts de finale de la Ligue
des champions (2-0). La confirmation que Liverpool, terne dans son
royaume, sait retrouver ses couleurs d'origine quand il s'agit de jouer
l'Europe. Kuyt et Gerrard, mais aussi Materazzi, le banni milanais,
sont les grands artisans de cette éclaircie sur la Mersey.
Il
y a trois jours de cela, Liverpool, déjà exclu des prétendants au trône
d'Angleterre, touchait le fond en Cup, sorti sans ménagement de la
compétition par Barnsley, modeste pensionnaire de la deuxième division
du royaume (1-2). Un affront d'autant plus cinglant que les Reds
flanchaient là devant leur public. 72 heures plus tard, Anfield tient
sa revanche, enchanté comme aux plus belles heures européennes du club
phare de la Mersey. L'Inter Milan, incontournable leader de la Serie A
et double champion d'Italie en titre vient de sombrer en son sein
(2-0). Si Giuseppe Meazza promet d'être aussi bouillant dans trois
semaines, nul doute que les hommes de Rafael Benitez ont pris une
sérieuse option sur la qualification ce mardi soir. Même si la décision
ne s'est faite qu'au bout du suspense.
Déjà, les premiers échanges de la rencontre levaient le voile sur une
certitude: si les Intéristes avaient fait le déplacement à Anfield avec
le seul but de ne pas en prendre, histoire de partir sur des bases
vierges et saines à domicile, dans trois semaines, alors Roberto
Mancini pouvait se féliciter du respect de la feuille de route de la
part de ses troupes. Une défense de fer, le catenaccio dans toute sa
splendeur, les Nerazzurri pliaient un peu, parfois beaucoup - devant
l'hyperactivité d'un Kuyt sur le flanc droit notamment - mais rien ne
laissait alors présager une rupture. Pas même la tête décroisée de
Hyypia, bien écartée par Julio Cesar (10e), ou la jolie percée de
Gerrard juste avant la pause, ponctuée par un centre au cordeau sans
destinataire.
Pourtant, au plus fort de la pression stérile des Reds, le très
controversé Materazzi avait préalablement abandonné ses partenaires,
sommé dès la demi-heure de jeu de rentrer aux vestiaires car coupable
de deux actes d'antijeu à l'encontre du feu-follet Torres. Handicap
évident de prime abord, cette infériorité numérique ne faisait en fait
que conforter les Lombards dans leur stratégie de contre. Aussi, le
dernier quart d'heure de la première période se résumait-il à l'agonie
des vagues offensives rouges sur le récif nerazzurro. Un scénario qui
se répétait après la pause. Dans des proportions toutes autres
néanmoins.
Cinq minutes de trop pour l'Inter
Si l'inter allumait la première mèche à la reprise, d'une frappe de
Cambiasso consécutive à un remarquable mouvement collectif (49e),
Anfield était bel et bien gratifié d'une attaque-défense ininterrompue
en faveur de ses protégés. Seulement, la baraka et la solidité
milanaises, couplées à la relative maladresse de Liverpool, laissaient
longtemps le tableau d'affichage désespérément inanimé. Torres voyait
d'abord sa tentative des 18 mètres écartée du bout des doigts par Julio
Cesar (58e), puis Hyypia expédiait dans la foulée un missile de la tête
juste au-dessus de la barre (59e).
Le haut des filets intéristes frémissait encore que Gerrard tentait de
se jouer de Vieira - alors à peine entré en jeu - d'un coup du
sombrero. L'international tricolore ne se laissait pas prendre mais
contrait le ballon de la main en pleine surface... sans toutefois que
l'homme en noir et son juge de ligne ne bronchent (61e). Le temps d'un
léger répit et d'une approche lombarde des cages de Reina, avortée
cependant par un hors-jeu d'Ibrahimovic (69e), Liverpool repartait de
plus belle à l'assaut du but adverse. Crouch réalisait une entrée
remarquée en s'illustrant par une frappe contrée in extremis dans la
surface par Maxwell (79e).
L'Inter tenait bon malgré la sortie sur blessure quelques minutes
auparavant de Cordoba (75e). Un coup dur qui devait finalement se
ressentir au sein de l'arrière-garde lombarde. A la réception d'un
centre de Pennant au second poteau, Kuyt prenait sa chance d'une
demi-volée fouettée dont le rebond trompait Julio Cesar (1-0, 85e). Le
catenaccio milanais volait en éclat, et Gerrard ne se privait pas
d'enfoncer la cage ainsi ouverte. Alors que Roberto Mancini et ses
joueurs ruminaient encore ce but concédé sur le tard, sans réelle
possibilité de répliquer, le capitaine des Reds enfonçait le clou dans
les arrêts de jeu, d'un tir placé qui flirtait avec trois mollets
italiens avant se glisser entre le poteau et le gant droits de Julio
Cesar (2-0, 90e). Le coup de grâce ? Réponse dans trois semaines à
Giuseppe Meazza.